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Une voix lui répond : « Celui qui fait tes pleurs
De cette vie au moins ignora les douleurs ;
Il n’eut pas, sur la croix, la couronne d’épine,
Et la lance n’a point traversé sa poitrine ;
De la terre il n’a bu que le lait et le miel :
Ange, il est à cette heure à jouer dans le ciel. »
 
Ainsi, fortifiant cette femme éprouvée,
La foi du premier âge, avec soin conservée,
Des vases de l’autel répandait dans son cœur
La résignation, apaisante liqueur :
Elle prit donc l’objet apporté sous sa mante.
Et sur le front divin, ô croyance charmante !
Mit le béguin doré, pour qu’au saint paradis
Le doux enfant Jésus vint sourire à son fils.
Plus calme, elle sortit alors de la chapelle.
Mais sur la tombe fraîche, en passant, que voit-elle !
Une petite croix que l’ouvrier Tan-gui
Posait là, tout en pleurs, pour l’enfant son ami ;
Et des fleurs du printemps sa robe toute pleine,
Renée en épandait roses et marjolaine,
Marguerites des prés, et blancs bouquets de lait
Aux branches de la croix liés en chapelet.

VI

LE FEU DE LA SAINT-JEAN

C’est la Saint-Jean ! Des feux entourent la Bretagne,
Serpent rouge qui va de montagne en montagne ;