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Non, le jeune n’a point délaissé le vieillard !
Mais où donc est Tan-gui, le noble enfant ? Qu’il vienne !
J’ai hâte de sentir ma main presser la sienne. »

De sa poursuite au fond d’un chemin tortueux
Le jeune homme arrivait, et son bâton noueux,
Il l’agitait encore au-dessus de sa tête,
Revenant du combat ainsi que d’une fête.
À l’air qu’entre ses dents tout joyeux il sifflait.
Se tourna le fermier qui de bonheur tremblait ;
Une larme coula sur sa joue amaigrie ;
Enfin, laissant son cœur déborder, il s’écrie :
« Viens, ô brave artisan, honneur de ce canton !
Je veux à mon épée enlacer ton bâton. »

V

LA CROIX DE LA TOMBE

Ah ! comme d’un logis qu’en seigneur il habite
Le mal sort lentement, lui qui s’en vient si vite !
Rî-Wall et vous, sa fille, hélas ! vous le savez :
Veuve et triste vieillard tant de fois éprouvés !

Sous son mantelet noir où va donc cette femme ?
Oh ! ce noir vêtement dit le deuil de son âme.
Regardez, elle tient le bonnet d’un enfant,
S’arrête pour le voir et le baise souvent.
Sur un tertre, non loin du porche de l’église,
Voici qu’à deux genoux, pleurante, elle s’est mise ;
Puis se signant le front, sur le petit tombeau