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Pour moi, je saurai comment dater mon paisible et dernier séjour dans nos campagnes : c’est l’année, dirai-je, où il fut tant parlé de la veuve de Corré, l’hiver où je vis dans un manoir le brave journalier Primel gagnant ses habits de noce ; scènes touchantes, indiquées par vous, vivante poésie qui m’attira tout d’abord, et que j’essayai, à mesure qu’elle se développait, de saisir dans sa vérité, pour un jour, madame, vous en faire hommage.

J’en ai l’espoir, vous qui, heureusement exempte des fausses grâces cherchées ou convenues, aime nos taillis et nos grèves et savez la langue de la ferme, vous aimerez encore, reproduite, cette simplicité naïve qui brille par elle-même, cette élégance naturelle et intime de nos mœurs rustiques, enfin cette franchise de forme toujours si belle dans la vie et à laquelle un art idéal et vrai serait glorieux d’atteindre. Mon effort et mon plaisir ont été de m’en rapprocher.

Vous le verrez, bien d’autres chants et d’autres poèmes rustiques, nés d’un long séjour aux bords de l’Izôl, entourent cette histoire principale ; mais, du centre du livre, elle rayonnera par son titre sur le livre tout entier ; elle sera l’âme de ce recueil, comme elle fut autrefois le charme et le lien de nos pensées.