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III

« Sous ses habits de deuil, morne et la tête basse,
Où va donc ce vieillard ? — Oh ! de grâce, de grâce,
Mes amis, suivez-moi ! C’est la messe des morts
Pour l’enfant qui d’un ange avait l’âme et le corps :
Le cercueil vide est là, couronné d’immortelle.
Oh ! celle que mon maître aimait, où donc est-elle ?…
Chut ! Près du coffre noir voici le chevalier.
Perdu d’esprit, sans cesse il y revient prier.
On dit la messe. »

Hélas ! une messe funèbre,
Et comme rarement une église en célèbre.
Point de chants, des sanglots ; mais, debout à l’autel,
Quand le prêtre élevait le froment immortel,
Un cri part de la nef, et le jeune homme embrasse
Un ruban qui sortait des fentes de la châsse ;
Puis, levant le couvercle, il montre tout en pleurs
La vierge dont la main tient un bouquet de fleurs ;
Elle semblait dormir sous cette froide planche :
Douce comme ses fleurs, comme elles pure et blanche.
Ainsi, dans son danger, sans chercher d’autre lieu,
Son asile certain fut la maison de Dieu ;
Et le triste bouquet peut-être à la colombe
Indiqua l’autre abri qui dut être sa tombe !
Mais au coffre fatal qui devait l’engloutir
Sans peur est-elle entrée et pour n’en plus sortir ;
Ou, malgré ses efforts, le couvercle rebelle
Impérieusement se ferma-t-il sur elle ?
Mystère où chaque esprit se perdait confondu !