Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.


La Lampe de Tullie


I

Belle voie Appienne, ô route des tombeaux !
Sous le brûlant soleil, et la nuit, aux flambeaux,
Quel pieux voyageur aux campagnes latines
N’est venu lentement errer dans tes ruines,
Ou de loin, sous les pins d’une sombre villa,
N’a salué la tour blanche de Métella ?
Moi-même j’ai souvent rêvé sous tes décombres ;
Mais mon pied attentif n’y troubla point les ombres.
Plus d’un pâtre m’a vu dans l’herbe agenouillé ;
Mon bâton n’a jamais sous les marbres fouillé.
Aux curieux malheur, et malheur aux avares,
Cent fois plus que les Huns, les Vandales barbares !
Les morts ne peuvent plus sommeiller en repos ;
On disperse leur cendre, on emporte leurs os.
Les ornements sacrés des chambres sépulcrales.
Leurs lampes, leurs trépieds, les urnes lacrymales.
Vont se suspendre aux murs de grossiers amateurs.
Les héros sont en proie à des profanateurs.
Rome fait un musée avec ses catacombes,
Même mon vieux pays perd le respect des tombes :