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Vous inscriviez ces mots ! Et moi, lisant vos vers,
J’avais le cœur joyeux et mes yeux étaient fiers…
Et voici qu’à mon tour j’ai mis sur votre livre
Ces rimes que Primel, le bon chanteur, me livre :
« L’abeille aux fleurs des prés va puiser sa liqueur,
Son miel d’or, il le puise au calice du cœur. »

XIII

LES BATTEURS DE BLÉ

« Allons, seigneur, allons ! malgré vos mains si blanches,
Prenez un des fléaux pendus là dans les branches ;
De sueur, comme nous, venez mouiller le grain,
Pour y songer, ce soir, en mangeant votre pain. »
J’obéis, et mes coups cadencés avec règle
Des épis bondissants firent jaillir le seigle.
Puis, m’éloignant : « Ce soir, regardez ma maison,
Pour ranimer vos cœurs je fais une chanson ;
Ma lampe vous dira quelle peine réclame
Mon pain mystérieux, mon pain qui nourrit l’âme. »

XIV

DE RETOUR À KER-BARZ

Lieux sacrés, entendez mes pas,
Ô fontaine, ô colline, ô demeure du barde !
Où superbe il marchait, humble je me hasarde,
Où sa harpe éclatait, mon cœur chante tout bas.
Et ses vers et son nom dorment sous un nuage.
Seul, pèlerin pieux, je cherche son village.