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Si la voix d’un oiseau sort des buissons, j’écoute ;
Me voici dans Fiésole ; et le soir, au retour,
Mon cœur qui se souvient s’emplit encor d’amour :
Longtemps il reviendra, dans ses jours de souffrance,
Le long du Mugnoné, de Fiésole à Florence.

« On revient sans ennui par un si doux chemin,
Disait le prince, errant sous des berceaux de roses ;
Et les choses d’hier plairont encor demain,
Si le cœur se mêle à ces choses. »

J’ai dit : « Tu vas la voir pour la dernière fois,
Regarde bien ses traits pendant que tu les vois !
Hélas ! regarde bien ses tempes florentines,
Ses yeux bruns, son sourire, et sous ses lèvres fines
Toutes ses belles dents ; regarde bien encor
Ses cheveux sur son front couleur de miel et d’or ;
Retiens ! si tu le peux, son accent, ses manières,
Et garde dans ton cœur ses paroles dernières ;
Et puis, en t’en allant, attendris ton regard,
Afin qu’on se souvienne un peu de ton départ. »
 
Quels furent les adieux du prince de la fée ?
Elle écarta les plis de son voile d’azur ;
Et lui, comme un parfum pour son âme étouffée,
S’enivra de son souffle pur…