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L’Aleatico


À Ferdinand Rosellini


 
La poésie émane,
Émane mollement du vase de mon cœur,
Depuis que j’y versai cette heureuse liqueur,
Douce comme le ciel de la blonde Toscane.
Eh quoi ! le bon Pétrarque oublia la boisson
Où le barde étranger enivre sa chanson !
Ah ! ce vin réjouit l’esprit sans qu’il l’offusque !
Je l’appelle un nectar, un élixir divin :
Si j’étais le Grand-Duc, je boirais de ce vin
Dans un beau vase étrusque.

Tu vois dans ce palais ce grand arc et son dard :
Eh bien, Toscan subtil, je l’appelle un symbole.
— Oui, Barde, saluons ce symbole de l’art
Qui nous sert à lancer la divine parole :
Homère l’inventeur au poète romain
Le transmit ; depuis Dante il va de main en main.
Dis : ai-je pénétré l’ingénieux emblème ?