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Certain libraire intrus sous sa presse maudite
A repétri pour vous et travaillé mon grain ;
Mon cœur de barde s’en irrite ;
Moi-même dans le four j’aime à mettre mon pain.

Mangez-le. De grand cœur, ami, je vous le donne ;
Mais gardez, en l’offrant, d’y jeter votre sel ;
Assez pour la table bretonne
Mêlent au pur froment un levain criminel.

Si quelque nain méchant fendait votre bombarde,
Faussait l’anche, ou mettait du sable dans les trous,
Vous crîriez !… Ainsi fait le barde.
Le juge peut m’entendre : Ami, le savez-vous ?
 
Pourtant je veux la paix. — Pour les jours qui vont suivre
Ce triste hiver, voici ma nouvelle chanson ;
Que vos sacs se gonflent de cuivre ;
Bien repu, chaque soir, rentrez à la maison.

Des forêts à la mer poursuivez votre quête ;
Qu’on redise après vous Les Conscrits de Plô-Meúr ;
Ne chantez pas à pleine tête :
Faites pleurer les yeux et soupirer le cœur.


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