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Lettre
à un Chanteur de Tréguier


 
Comme je voyageais sur le chemin de Rome,
Iannic Coz, une lettre arrivait jusqu’à moi ;
On y parle de vous, brave homme,
Des chanteurs de Trcguier vous le chef et le roi.
 
« Grâce à Jean, disait-on, sans tes vers point de fête.
Aux luttes il les chante, il les chante aux Pardons ;
Et le tisserand les répète
En poussant sa navette entre tous ses cordons.

« Mon sonneur les sait mieux que matines et laudes ;
Pour Iannic le chanteur, ce malin Trégorrois,
Il t’a dû bien des crêpes chaudes.
Bien du cidre nouveau pour rafraîchir sa voix. »
 
Voila ce qu’on m’écrit et j’ai tressailli d’aise :
À moi le bruit, à vous le cidre jusqu’au bord ;
Sur un seul point, ne vous déplaise,
Beau chanteur, mon ami, nous serons peu d’accord.