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Au bras qui te conduit n’attache plus ton bras ;
Comme pour m’évitcr, ne presse plus tes pas
Vers quelque solitaire allée.

Eh bien ! si ma rencontre importune tes yeux,
Parle avec confiance et décide en quels lieux
Il faut pour toi que je m’exile ;
Ton amour fut ma paix, mon bonheur, mon soutien,
Qu’aujourd’hui mon repos ne trouble plus le tien ;
Commande, je serai docile.

Alors tes yeux ternis reprendront leur azur,
Le jour comme autrefois naîtra limpide et pur,
La nuit s’écoulera sans fièvre ;
Tu t’abandonneras à ta sécurité.
Et l’innocence aimable et la douce gaîté
Souriront encor sur ta lèvre.

Dis un mot et je pars. — Sans trop d’ennuis pour toi,
Si je puis cependant demeurer, souffre-moi ;
Et, lorsque au détour d’une rue
Tout à coup devant toi m’offrira le hasard,
Passe libre et sans peur, ne crains pas mon regard ;
Je ne t’aurai pas reconnue.

Seulement (je t’en prie !), oh ! quand tu seras loin,
Quand je pourrai braver et soupçons et témoin,
Vers toi que je tourne la tête.
Pour observer encor ton pas modeste et lent,
El tout ce qu’à mon cœur ce marcher indolent
Rappelle de grâce secrète.