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Êtres deux fois doués ! Êtres puissants et doux !
Vous domptez notre force ; elle marche après vous
D’un double lien attachée.

IV

Ah ! dis-moi, jeune femme, autour de ta demeure
N’entends-tu pas de voix qui pleure ?
Comme moi tu perdis le rire aux ailes d’or ;
Mais ton crédule espoir l’appelle-t-il encor ?
Heureuse d’espérer ! — Après un long silence,
Lorsqu’un hymne en secret de mon âme s’élance,
Ce n’est plus vers mes jours de printemps et de fleurs
C’est assez d’écarter de moi l’ange des pleurs,
Cet ange toujours pâle et toujours lamentable
Qui pleure à mon chevet et qui pleure à ma table.
Mais si le rire ailé rentre dans ma maison.
Si l’été qui fleurit sèche sous un rayon
Mes larmes, tu verras la chanteuse alouette
Envier dans le ciel ma voix qu’on dit muette,
Les bardes, s’cveillant, diront : « C’est lui ! c’est lui ! »
Et les tranquilles eaux du Leff… Mais aujourd’hui !
Ah ! dis-moi, jeune et douce femme,
N’cntends-tu pas des voix qui pleurent dans ton âme ?

V

Si je viens à passer, sur ton front, en tremblant.
Hélas ! n’abaisse pas ainsi ton voile blanc,
Toute pâle et toute troublée ;