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J’écoute, disait-elle ; allons, barde, chantez ! »
Et, le front penché sur la glace,
Elle rattachait avec grâce
Ses cheveux, noirs bandeaux sur ses tempes jetés.

III

En elle je n’aimai d’abord que la beauté,
La bouche humide et fraîche ouverte à la gaité,
Et l’or bruni de ses épaules,
Et les frêles contours de ce corps souple et fin
Qui plie à chaque pas, comme à l’air du matin
Le long des eaux tremblent les saules.

J’ai connu la beauté ! que m’importait alors
Si nulle âme, en parlant, n’animait ce beau corps,
Ces longues paupières d’Arabe ?
Heureux de respirer ce souffle virginal,
Ou d’écouter, rêveur, de sa voix de cristal
Tomber quelque molle syllabe.

Pardon, si tu le peux ! à tes genoux, pardon !
Lorsque, le cœur brisé, pâle et dans l’abandon,
Plus faible que toi, faible femme.
Je vins tout éploré te dire mes douleurs,
Ta secrète beauté s’éveilla sous mes pleurs.
Et tu me révélais ton âme.
 
O larmes ! ô soupirs ! ô mystères d’amour !
Femmes, pour nous charmer, vous avez tour à tour
La beauté visible et cachée ;