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Cueillons des fleurs ! Et puis, heureux de mon fardeau,
Je reviendrai m’asseoir prés du léger rideau
Qui voile cncor ma bien-aimée,
Et, du bruit de mes vers dissipant son sommeil,
Je ferai sur ses yeux et sur son front vermeil
Tomber une pluie embaumée.

Riante et mollement soulevée à demi,
Je veux que de mes fleurs sur son front endormi
Sa blanche main suive la trace ;
Et qu’en un doux silence admirant leurs couleurs,
Elle doute longtemps qui, des vers ou des fleurs,
Ont plus de fraîcheur et de grâce.

II

Mes rustiques habits étaient là dans la chambre,
Costume sauvage et brillant :
Je songeais en les déployant
Aux lieux qui m’ont vu jeune, aux retours en septembre.

Elle, toute au présent, riait de mes soucis ;
Ou sur mon passé, chose éteinte,
Revenant légère et sans crainte
(Mais s’abusant peut-être), écoutait mes récits.

Souvent les fruits lointains sont plus doux, bien qu’étrange
Au cœur d’un autre on aime à voir,
À doubler par lui son savoir :
Notre esprit curieux se plaît à ces échanges.