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À E.


I

Le jour naît : dans les prés et sous les taillis verts
Allons, allons cueillir et des fleurs et des vers,
Tandis que la ville repose ;
La fleur ouvre au matin plus de pourpre et d’azur,
Et le vers, autre fleur, s’épanouit plus pur
À l’aube humide qui l’arrose.

Que de fleurs ont passé qu’on n’a point su cueillir !
Sur sa tige oubliée, ah ! ne laissons vieillir
Aucune des fleurs de ce monde.
Allons cueillir des fleurs ! par un charme idéal.
Qu’avec l’encens des vers leur parfum matinal
Amoureusement se confonde.
 
Allons cueillir des vers ! sous la fleur du buisson
Entendez-vous l’oiseau qui chante sa chanson ?
Tout chante et fleurit, c’est l’aurore !
Je veux chanter aussi : blonde fille du ciel.
Ainsi de fleur en fleur va butinant son miel
L’abeille joyeuse et sonore.