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HISTOIRES POÉTIQUES

Mais un vieillard jaloux de ses chansons nouvelles,
Le Malheur, en passant, coupe ses blanches ailes,
Et La jeune Âme, à moitié du chemin,
Tombe et meurt, et ses fleurs échappent de sa main.

VIII

ma chaumière

À Eugène G u i e y s s e

Si jamais vous cherchez la maison du poète,
Près du clocher du bourg ma rustique retraite
S’abrite, et devant moi, sous leur tertre allongés,
Silencieux amis, les morts dorment rangés.
Creusée avant le jour, une fosse béante
Trop souvent, au réveil, me glace d’épouvante ;
Puis j’entends un corps lourd rouler dans ce trou noir,
Et ce sont à l’entour des cris de désespoir…
Soudain avec horreur ma fenêtre se ferme,
Et j’unis ma prière aux sanglots de la ferme.



 
Mais pour le catéchisme, allègres, triomphants,
Blonds essaims des hameaux, arrivent les enfants ;
Ou l’on sonne un baptême, et la noble marraine
Sous le porche gothique entre d’un pas de reine ;
Si c’est un jour de noce, alors pourpoints nouveaux
Et robes d’écarlate inondent les tombeaux,
Et coups de feu lointains, musettes toutes proches
Rivalisent de bruit avec le bruit des cloches :