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HISTOIRES POÉTIQUES


L’ancien Bourg


Ô vetustatis silentis obsoleta oblivio !
Prudentius.


I

Quand la voix des canons sur les glacis du fort
Résonnait, d’autres voix murmuraient dans le port :
« Voici le jour venu d’un grand pèlerinage ;
Allumez donc un cierge ! ô femmes de tout âge,
L’étole d’or est prête, et le saint nous attend ;
Triste on va le prier, et l’on revient content. »

Au milieu des transports, des chants de la victoire,
Elles parlaient ainsi : plus d’une en cape noire
Pourtant montrait le deuil d’un père, d’un époux,
Quand, par ce beau matin, un soleil clair et doux,
Je sortis de la ville et côtoyai la rade
Pour visiter au loin une antique peuplade.
Contemporains de tout, les yeux sur l’avenir,
Des gloires du passé gardons le souvenir ;
Dans notre humilité suivons un grand exemple :
L’Esprit universel n’a rien qu’il ne contemple.