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Le Miel du Chêne


À monsieur Hippolyte Valmore


Un chanteur inconnu (l’écho de la bruyère
Seul entendit sa voix mystérieuse et fiére)
Ainsi nous raconta par quel charmant hasard,
Ami de la nature, il avait trouvé l’art.

« Je parcourais les bois, cherchant la poésie,
Et de graves pensers, la libre fantaisie,
Tour à tour m’entraînaient, aux concerts des oiseaux,
Au bruit plaintif du fleuve à travers les roseaux,
Surtout à la chanson joyeuse de l’abeille,
Qui, d’un trait s’élançant d’une coupe vermeille,
Effleurait mes cheveux et, murmurante encor,
Avide se plongeait dans un calice d’or ;
Puis arômes, couleurs, bruits vagues et sans nombre,
Et les jeux variés du soleil et de l’ombre !
Mais toujours par l’abeille errante autour de moi
Mon cœur se laissait prendre, et sans savoir pourquoi.
Rêveur, je la suivis dans son vol circulaire,
Des fleurs de l’aubépine au chêne séculaire,