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Le vieillard désolé se tut, car sur sa tête,
Dans toute son horreur, mugissait la tempête :
Le tonnerre éclatai… Mais aussitôt dans l’air
Par trois fois l’Angélus tinta paisible et clair ;
Un de ces rayons d’or qui précèdent les anges
Illumina le ciel ; puis, changements étranges !
Comme il était venu, le nuage pesant
Du côté de la mer et vers l’ouest s’avançant,
On vit, nouveau déluge, on vit ses eaux troublées
Tomber, tomber à seaux dans les ondes salées ;
Tous les monstres marins hors des flots bondissaient,
Et sur les blonds épis les moissonneurs dansaient.

LÎLÈZ.

Il faut chanter le blé ! Jeunes gens, jeunes filles,
Élevez sur vos fronts et frappez les faucilles !
Le blé fait vivre l’homme : amis, en son honneur
Entonnons devant Dieu le chant du moissonneur.
 
C’est un présent divin. Durant les mois de neige,
Dans ses flancs maternels la terre le protège ;
Puis, quand brillent les fleurs, elle montre au grand jour
Celui qu’elle nourrit neuf mois avec amour.

Un mendiant m’apprit jadis un grand mystère :
Le grain est fils du ciel, cet époux de la terre ;
Pour le faire grandir tous deux n’épargnent rien :
Votre enfant le plus cher n’est pas soigné si bien.