Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques I-II, Lemerre.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On semble cependant à ce monde tenir :
Quand je ne serai plus, Mena, chaque dimanche,
Sur ma tombe en passant que votre front se penche.
S’il est permis, mon cœur vers vous s’envolera… »
Puis, le prêtre venu, le vieillard expira.

V

Humble fut le convoi qui suivit votre bière,
Ô Robin ! mais ceux-là qu’on vit au cimetière
Étaient de vrais amis, et se souvenant tous
De vos bienfaits passes, car ils priaient pour vous.
Sous ses coiffes de deuil et sa cape de femme,
Cher mort, oh ! vous deviez entendre une bonne âme
Celle de qui les pleurs coulaient, coulaient à flots,
Et dont rien ne pouvait retenir les sanglots !…
La nuit, quand vous errez, vêtu d’un blanc suaire,
Voyez comme est paré votre lit funéraire :
Un tapis de gazon le couvre tout entier.
Et du lait jusqu’aux bords emplit le bénitier.