Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques I-II, Lemerre.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Le Laboureur ouvrier


Qand l’ancien laboureur retourna de la ville,
L’automne souriait dans un ciel radieux,
Bien des oiseaux chantaient sur la branche immobile,
La joie était sur terre et la paix dans les cieux.
 
Lui, son œil était sombre et son visage pâle,
Ses rustiques cheveux n’entouraient plus son front,
Sous sa blouse en lambeaux, tout flétri par le hâle,
Il cheminait courbé, comme sous un affront.
 
Pourtant, on l’avait vu, dans ces bois, ces prairies,
Au milieu des grands boeufs bondir, léger chevreau,
Mieux qu’un oiseau chanter ses jeunes rêveries,
Et des luttes rentrer en triomphe au hameau.

À vingt ans désigné pour porter la bannière,
Cette épreuve alarmait sa mère avec raison ;
Mais sous l’énorme poids que sa marche était fiére !
Ses reins ne ployaient pas : jeune et nouveau Sanison !