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Tout son front s’illumine, il semble que ses yeux
Sous leurs voiles épais ont découvert les cieux.




Puis, tout en m’éloignant, au coin de cette rue
Je vois sa lèvre bonne et douce qui remue :
Pour son ami du bourg il prie, et je le vois
Faisant avec lenteur un grand signe de croix…
Martyr, jusqu’à sa mort cloué sur une borne,
Qui, moi ne passant plus, m’attendra seul et morne ;
Ami qui n’aura su de moi que ces trois mots,
Qui m’aima pour bien peu, que j’aimai pour ses maux,
Et vers lequel je viens souvent, dans ma misère,
Moi-même mendiant de lui quelque prière.

X

LE CATECHISME DU SOIR

L’hiver dure toujours, glacial, pluvieux,
Avec ses jours si noirs, ses longs soirs plus joyeux
Alors, tous les fuseaux de tourner. Devant l’àtre,
Plus d’un grave tailleur enseigne un petit pâtre,
Et répète aux enfants les leçons du curé :
Voyez quelle science et quel air assuré !
Tour à tour, l’habile homme, il loue et réprimande.
I{t les parents assis parmi la jeune bande,
Dans un coin du foyer observant tout cela.
Disent : « Si nous étions encore à ce temps-là ! »