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V

LES GATEAUX DE NOËL

« Minuit est cncor loin, la foule emplit l’auberge ;
Venez rompre avec moi des gâteaux, jeune vierge,
Gâteaux de pur froment, parfumés et mielleux,
Odeur de votre haleine, or de vos blonds cheveux.
Entrons. Sachez pourtant, fille jeune et charmante,
Qu’on découvre à ce jeu l’âme la moins aimante.
Heureuse ! Oh ! vous avez la plus forte moitié.
Encore, encore à vous ? Et toujours ! Ah ! pitié !…
Je l’avais dit, ce jeu, c’est l’image d’un autre :
Vous prenez notre cœur sans rien donner du vôtre. »

VI

LE COLPORTEUR


Courbé sous un ballot et traînant son bâton,
Quand l’Auvergne vit-elle arriver un Breton ?
Mais toujours le vieux Jean nous vient de sa montagne,
Sans plaindre son chemin et son labeur, s’il gagne.
Sous la neige laissant sa femme et ses enfants,
Plus vieilli, plus cassé, Jean revient tous les ans,
Et, bravant les refus faits à sa barbe grise,
Il va de porte en porte offrir sa marchandise :
Vie errante dont rêve un Breton étonné,
Lui, dans le sol natal, dur chêne, enraciné.