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III

LE BIENVENU

« Oh ! c’est lui ! C’est notre poète !
Lui, longtemps appelé ! lui, pleuré comme mort !
Filles et jeunes gens, venez lui faire fête ! »
Et tous ils entonnaient mes vers avec transport :
« Oui, nous sommes encor les hommes d’Armorique,
La race courageuse et pourtant pacifique ! »
O salut cordial ! O fraternel accueil !
Et moi : « Mon bon Loïc ! Anna pleine de charmes,
Je vous revois enfin, vous qui portiez mon deuil !…
Quand vous pleuriez, j’étais en larmes. »

IV

EFFUSIONS

Vous le savez, vallons, bois, lande, à mon retour,
Comme je vous tendais les bras avec amour !
Peuplades des hameaux, solitudes des grèves,
Sources qui bruissiez chaque nuit dans mes rêves,
Immobiles étangs purs comme le cristal,
Géants pétrifiés, aïeux du sol natal,
Vous avez entendu, dans ces heures de fièvres,
Les exclamations qui sortaient de mes lèvres ;
Et, dans mon humble église, embrassant les pavés,
Si je vous ai béni, mon Dieu, vous le savez !