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Au brahmane Asava le roi disait un jour :
« Dans la jeune Vali j’ai placé mon amour,
Et si son cœur est pur, je la veux pour épouse. »
L’ermite souriant dit : « Pour l’âme jalouse,
Un défaut apparaît dans le plus pur cristal,
Il s’exhale un poison dos parfums du santal.
Un roi juste est tombé dans ces craintes améres ;
Mais la licorne est forte et combat les chimères ;
Son œil clair et serein voit le bien, voit le mal. »

Où la licorne fait son gîte
Voilà comme Vali vers le soir fut conduite.


l’épreuve de la licorne


Sous un tertre dont le jasmin
D’une neige de fleurs la parfume et l’inonde,
Elle faisait briller des pierres de Golconde
À ses doigts effilés tout roses de carmin :
Au-dessus de son front, dans les feuilles nouvelles,
Près d’un ramier chantait un bengali :

« Oh ! je t’aime, Vali ! Vali !
Pour lécher ses deux mains accouraient les gazelles,
Et le soleil couchant, le radieux soleil,
La montrait toute d’or dans un réseau vermeil.

Le brahmane et le roi, couchés dans la verdure,
En silence attendaient la fin de l’aventure.