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Les deux Nids



 
Souvenez-vous aussi de notre voisinage !
Ce nid où s’enfermait votre pieux ménage,
Suspendu sous l’ardoise et si loin des buissons,
Mais vers mon toit voisin envoyant des chansons,
Toujours je l’entendrai sonore et sans défense,
Comme ces nids chantants qu’écoutait mon enfance.
Le matin, en longeant mon étroit corridor,
J’ai le cœur attentif, belle anie au timbre d’or,
Et s’il m’arrive un son du poétique asile,
Sylphe ailé, tout le jour il me suit par la ville…
Parmi les grands hôtels, dans ces coins retirés.
Combien je serai seul lorsque vous partirez !
Oui, mon humble demeure était par vous bénie.
On aime à s’abriter tout prés d’un bon génie.
Ses yeux veillent sur nous et conjurent le sort,
Ils dissipent un mal qui serait le plus fort.
Le soir, quand votre lampe, où vous mesurez l’huile,
Derrière vos rideaux brûle encor si tranquille.
Je rentre consolé par sa douce lueur,
Et je crois mon sommeil veillé par une sœur.


Paris, 1854.