Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques I-II, Lemerre.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le brick où monteront ces messagers de Dieu
Appareille. — Ô famille, amis, pays, adieu ! —
Qu’importe ! Ils sont là tous, silencieux et calmes,
Des martyrs pour la foi rêvant au loin les palmes :
Les fatigues, la faim, les supplices hideux
Et la mort ne feront reculer aucun d’eux.
Le Livre universel, de naïves images,
Quelques outils de fer, appât pour les sauvages,
Ou des jouets d’enfants : voilà, dans leurs combats,
Quelles armes suivront ces paisibles soldats.
Le plus jeune des douze, Ëvèn, portait encore,
Pendant à sa ceinture, un violon sonore.

Bien avant la prétrise et l’âge régulier,
C’était le plus aimé de ses jeux d’écolier.
Après les longs travaux, chaque soir, dés novembre,
La musique amenait la gaité dans la chambre ;
Et l’on dansait, légers, pour épargner le bois.
Ces passe-pieds bretons si vantés autrefois ;
Puis, avril fleurissant, quand la joyeuse bande
Volait, comme un essaim, par les prés, par la lande,
Barde mélancolique, armé de son archet,
Le solitaire Évèn sur la grève marchait ;
Et, ses doigts s’animant sur les cordes vibrantes,
Leurs sons clairs se mêlaient aux vagues murmurantes.
Mais les jeux sont bien loin : aux grands devoirs soumis,
Ils partent, embrassant leurs parents, leurs amis.
 

LES PÈRES ET LES MÈRES.

Pour la dernière fois, hélas ! je vous embrasse !
Dans les pays lointains, songez à nous, de grâce !