Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques I-II, Lemerre.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rique (Telen Arvor), destine à raviver la pensée et la poésie nationales, s’est répandu dans nos campagnes.

Tel est le dessein que j’ai voulu exécuter. Les œuvres précédentes sont toutes générales par le fond, toutes par la forme sont bretonnes et rustiques. Ce genre (du moins dans sa franchise et sa simplicité vivante) n’avait guère pu attirer nos poètes, tant les mœurs, dans la plupart des provinces, excitent peu l’imagination, tant les dialectes y sont le plus souvent grossiers et rebelles au langage des vers : d’un lourd réalisme il fallait passer aux bergeries fades, de Phylis à Toinon, comme a dit le maître. Tout autre est l’Armorique : ses pâtres, ses laboureurs parlent excellemment leur antique idiome ou la langue apprise dans les écoles. En leur faisant parler bien le français, on reste dans la vérité. Fils d’un peuple où mœurs et costumes ont conservé l’élégance originelle des races primitives, l’auteur avait donc l’espoir de trouver dans cette partie écartée de la France un genre de poésie presque inconnu à notre ancienne littérature ; d’autres sauront le cultiver et l’enrichir.

Aux amis, qui depuis longtemps m’excitaient à quelques explications, de compléter ce bref exposé. Il était nécessaire au moment où je dois clore une