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L’Église blanche


Là-bas, à mi-chemin du Scorf et de l’Ellé,
Sous les chênes vois-tu cette chapelle blanche
Où, garçon de douze ans, tu chantais le dimanche,
Si pur qu’on t’aurait pris pour un jeune ange ailé ?
Eh bien ! parcours le monde, aux sages des écoles
Demande le secret caché dans leurs paroles ;
Puis, rentré dans le bourg où fleurissait ton cœur.
Tu t’écriras : « Orgueil ! vain orgueil de connaître !
« Mon Dieu, le vrai savoir, je le savais peut-être,
« Lorsque à douze ans je chantais dans le chœur. »

Au sortir de ton presbytère,
Ce jour que vers Moel-lan nous cheminions tous deux.
Ainsi tu gourmandais mes pensers hasardeux ;
Et moi, tout en marchant, l’œil fixé sur la terre.
Je savourais le miel de ta parole austère.
 
Bientôt une autre voix fit lever mes regards.
Comme deux saints dans la légende,
En discourant de Dieu s’en venaient par la lande
Le recteur de Moel-lan et celui de Clô-harz.