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Illusions, adieu ! mais, sauvage âpreté.
Réactions d’un cœur trop longtemps agité,
N’étouffez pas en lui l’heureuse aménité.
 
Aux autres il faut croire, il faut croire à soi-même ;
Pour qu’on nous aime, aimer, aimer sans qu’on nous aime
Amoureux par nature, amoureux par système.
 
S’épanouir aux vents d’amour et de beauté,
C’est recueillir en soi l’air frais de la santé :
Malheur à qui se clôt dans sa félicité !

Sur la roche escarpée où ta fleur est éclose,
Homme heureux, ne sois pas tel que l’aloès rose,
Fleur amère où jamais l’abeille ne se pose.
 
Enfin à notre faîte, et si près de vieillir.
N’allons pas nous corrompre ou nous enorgueillir :
Chair, tu n’as qu’un moment ; esprit, tu peux faillir !

IV


Ah ! que fais-je ? Lassé d’une si longue route.
Celui que j’instruisais, à peine, hélas ! m’écoute ;
Avant d’aller plus loin, moi-même ici je doute.
 
Pourtant, si le passé révélait l’avenir,
Un jour cueillant le fruit de chaque souvenir,
Je dirais sur mon seuil à l’heure de finir :