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Voyageur éclairé par le signe chrétien,
Va donc sans trop attendre et sans demander rien,
Contenu dans le mal, excité dans le bien.

Déjà t’appelle au loin quelque rêve d’épouse,
Un enfant, gai chevreau courant sur la pelouse.
Et la patrie aussi, cette mère jalouse…

Oui, si j’avais un fils, cher et pieux trésor,
Je l’instruirais aussi, lorsque ses cheveux d’or
Couvriraient ce front jeune et virginal encor.
 
Nul n’a versé sur moi les fruits de la sagesse,
Moi-même j’amassai ma tardive richesse :
Ce peu que j’ai, du moins j’en veux faire largesse.

Je ne compterai plus mes ennuis et mes pleurs,
Si parfois ma pensée a fécondé les cœurs,
Si ceux qui m’ont connu sont devenus meilleurs.

Ainsi, continuant sur ce nombre ternaire,
Rythme bardique éclos au fond du sanctuaire,
J’instruirai jusqu’au bout ce fils imaginaire.

II


Quel est donc le parfum de ces brises d’avril,
Qu’en idée aspirant les lilas du courtil,
À peine de la pluie un jour nous souvient-il ?