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II
AU DOCTEUR P***, DE MARSEILLE
Et vous, de la Nature infatigable prêtre,
Qui sondez, curieux, les causes de chaque être,
Et sur vos creusets tour à tour
Pâlissez d’épouvante et tressaillez d’amour,
Rappelez-vous l’instant où des profonds royaumes
La déesse évoqua des myriades d’atomes,
Globules mouvants et gazeux
L’un l’autre s’attirant, et vous, homme, avec eux !
Ô terreurs de l’esprit ! Déjà, comme un problème,
Dans le Tout, noir chaos, il se cherchait lui-même,
Car déjà vos pensers épars
De leur faisceau rompu sortaient de toutes parts[1].
Pôle effrayant de la pensée,
Qui pourrait sans vertige atteindre à ta hauteur ?
L’âme humaine, aisément lassée,
Fuit tes sommets de glace et l’ardent équateur.
- ↑ Les forces attractives l’ont emporté. Depuis que ces vers sont écrits, le jeune savant, dans une excursion aux environs de Marseille, a disparu au fond d’un puits naturel.