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Morgana[1]


À Hersart de la Villemarqué


UN PÂTRE.

Debout, mes bons seigneurs ! c’est assez pour Morphée.
Allons voir Morgana la fée,
Sur un char de vapeurs avec l’aube arrivée.

Chaque été, prenant son essor.
Légère, elle s’en vient des brumes de l’Arvor
Bâtir ici ses palais d’or.

Au pâtre de Reggio si vous tardez à croire,
Gravissons le haut promontoire :
Là nous verrons la fée et dans toute sa gloire.

  1. Mor-gana, Fille de la mer. — C’est à cette fée armoricaine que le peuple attribue, en Calabre, le curieux phénomène de réfraction qui se voit souvent dans le détroit de Messine. Les côtes de la Sicile viennent se réfléchir dans la mer comme un miroir, mais un miroir féerique où l’imagination sait trouver ce qu’elle désire.