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À Luigi Parisi


Lorsque, joyeux enfant, tu courras sur la grève,
Comme un dauphin léger quand tu fendras les mers,
Devant le Pausilippe, ô Luigi, prie en rêve
Pour qui sauva tes jours et te nomme en ses vers.
 
« Au secours ! au secours ! » Et ta voix lamentable
Sur l’onde s’éteignait… Oh ! oui, je vais à toi !
Et jetant mes habits les plus lourds sur le sable,
Dans l’abîme j’entrais, ne songeant plus à moi.

Ou je disais (rapide éclair) : « Merci, mon ange,
De cet instant pieux que vous venez m’ofFrir !
Pour ses jours, ô Seigneur, tous mes jours en échange.
Enfant, à lui de vivre ; homme, à toi de mourir.

« C’est là qu’on peut mourir, il est une belle heure
Qui brise avec amour les terrestres liens :
Lorsqu’une âme ici-bas plus haut aspire et pleure,
L’heure sonne… Oh ! j’entends ! heure, je suis des tiens. »