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Tout prcs de ton fauteuil suspends-le dans ta chambre.
Vois, ses cinquante grains sont d’aloès et d’ambre :
Qu’ils parfument entre eux ton modeste réduit
Et, t’occupant le jour, te consolent la nuit !
L’hiver de notre vie est souvent morne et sombre,
Et de tes pleurs secrets seule tu sais le nombre ;
Prends donc ce chapelet, et puisse chaque grain
Défilé sous tes doigts entraîner un chagrin !

III


Celui qui recevra cette feuille séchée
De mon envoi pieux aura l’âme touchée.
À Saint-Onofrio je la cueillis un soir
Sous le chêne du Tasse, ombrage calme et noir
Où jadis entouré de moines au front blême,
Lui, plus triste qu’eux tous, leur lisait son poème :
Là vint pour s’abriter le grand infortuné
Attendant que le jour du triomphe eût sonné.
Et c’est là qu’il mourut ; car nous autres poètes,
Toujours nous demandons des couvents ou des fêtes.



 
Talismans d’amitié, triple et mystique envoi,
Protégez ceux que j’aime et parlez-leur de moi.