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À S. Mauto


(Nom italien Je saint Malô)


 
Comment, bon saint Malô, pauvre évêque breton,
Une église de Rome a-t-elle pris ton nom ?
Ah ! dans cette cité païenne et catholique,
Quand, fatigué de voir et d’admirer toujours,
Enfin je découvris ton humble basilique,
Ah ! cirques et forums, colonnades et tours,
Comme tout disparut ! et, durant quelques jours,
Mon pays me revint frais et mélancolique.
Malô, l’illusion fidèle me poursuit :
Ton bâton pastoral dans Rome me conduit.
 
Hier encor j’errais, et maisons, monastères,
Théâtres, tout dormait ; le Tibre coulait noir,
Et je suivais ses bords, lorsque, par ce beau soir,
Saint-Pierre m’apparut inondé de lumières :
Avait-on allumé pour mon saint inconnu
Cette fête magique où seul j’étais venu ?
Des milliers de flambeaux (grandeurs toutes romaines !)
Éclairaient sans témoins et le dôme et la nuit,
Et sous la colonnade on entendait le bruit
Des immenses fontaines.