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pluſieurs ouvrages ſur des matieres politiques, ſe hâta de le faire connoître en France par une traduction, dans laquelle à la vérité il bouleverſa toute l’ordonnance de l’original, mais où il éclaircit beaucoup de paſſages obſcurs. D’autres traductions plus fideles parurent enſuite, & le Traité des délits & des peines eſt devenu livre claſſique.

Il n’a pas cependant manqué de critiques ameres. C’eſt le fort de tous les bons ouvrages ; mais la critique eſt bientôt oubliée, & l’arme de l’envie reſte ſans force contre le ſuffrage univerſel. C’eſt ce qu’éprouva M. de Beccaria. Un moine publia contre lui un volume d’injures, de folies, de maximes pernicieuſes pour les états, & outrageantes pour la Divinité, ſi les cris d’un inſecte miſérable pouvoient cependant offenſer l’Être ſuprême. Ce moine ſe diſoit à l’ordinaire le champion de la religion & des rois ; & ſous cet abri reſpectable, il avoit la hardieſſe d’imprimer qu’un code de loix, devenu public & connu de tout le monde, autoriſeroit à mal faire, & rendroit les délits plus fréquens ; que la crainte étoit le ſoutien des monarchies ; que l’homme étoit méchant par nature, le devenoit plus encore quand il étoit en liberté, & qu’il falloit l’enchaîner. Il prêchoit que les délations étoient un bon reſſort de législation, & qu’un tribunal chargé de les recevoir & con-