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SUR UN SONNET DE M. STÉPHANE MALLARMÉ


J’étais l’autre soir en une compagnie où se trouvaient assemblés d’honnêtes gens, curieux des choses de l’art et de la littérature. Il y avait là plusieurs poètes, un symboliste instrumentiste, trois éphèbes initiés aux mystères du verbe déliquescent et un brave homme de critique que le Mercure de France tourne volontiers en dérision en l’appelant « épicier de lettres ». L’entretien, après avoir effleuré les romans du jour, s’égara vers les ouvrages de M. Stéphane Mallarmé. Ces ouvrages sont considérables, si l’on mesure leur mérite au bruit qu’ils font dans le monde. M. Stéphane Mallarmé n’a publié jusqu’ici qu’un volume, luxueusement imprimé, et dont les rares exemplaires sont entre les mains d’amis fidèles. Mais son nom est connu de tout l’univers. Lorsque Verlaine mourut, M. Stéphane Mallarmé le remplaça dans la confiance des rédacteurs du Mercure qui représentent, comme on sait,