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Barcelonnette l’envoyèrent siéger au Palais-Bourbon. Mais il ne sollicita point le renouvellement de son mandat. Il expliqua, dans un article très piquant, que l’atmosphère du Parlement n’allait pas à ses poumons de citoyen libre, et qualifia durement ses collègues, qu’il compara au pharmacien Homais, de légendaire mémoire. Ceux-ci se vengèrent, en insinuant que M. Fouquier aurait eu d’eux une meilleure opinion, s’ils avaient applaudi davantage à ses talents d’orateur. La vérité est que M. Fouquier n’avait pas l’éloquence assez forte et assez grosse pour agir sur une Assemblée. Sa parole discrète, parfumée de miel attique, n’y trouva qu’un faible écho. Et il est possible que ce mécompte ait contribué à l’aigrir contre le suffrage universel. M. Henry Fouquier est comme les généraux habitués à la victoire. Il ne s’accommode pas du second rang. Il s’est dédommagé des harangues politiques par les conférences littéraires. Il en a fait de fort jolies à la Bodinière et ailleurs. En somme, il a eu l’occasion, depuis vingt ans, d’éprouver de grandes joies. Et cependant un amer désenchantement perce en ses écrits. Il y prend volontiers le ton d’un Alceste qui conserve jusqu’en ses fureurs un reste de grâce, mais qui se déchaîne en violents transports contre le siècle, et les mœurs. Tout prétexte lui est bon pour décharger sa bile. Ayant lu que le ministre va présider la distribution des prix du concours général, il s’adresse aux jeunes élèves : « Je lui dirais volon-