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Frondaison supracimée en l’auréolante glorification de ce pur titre : Mallarmé : Tronc élaborateur de fluide et de sèves, qu’âme voyante et corps robuste, notre Protéen Balzac luxuriamment prématura ; Souche sous fécondée dans ce moderne Trophonius, dans cette sorte de sépulcre ardent et nourricier qu’est le vivant Verlaine ? tel quel, et de surhumaine généalogie, entre le Céleste chrétien et l’infernal païen, s’épanouit un Arbre dont, racines, radicules, radicelles, filaments, palmettes, palmes, ramilles et rameaux, de plein gré divergeant, en occultes ou lumineux rayonnements, devers l’ubiquitaire et totale Liberté, que semblent à la fois promettre, et le Soleil, et la Nuit à naître. Arbre grandiose qui, par bonheur, nous cache l’infinie Forêt issue de ses glands, cette Forêt parasitaire où, vautrée, broute la porcine Foule, si goulue des basses poussées qu’engraisse son illécébrale fiente de bronze et d’or.


Il est toujours flatteur de s’entendre appeler « tronc élaborateur de fluides » ou encore sépulcre « ardent et nourricier » ... M. Mallarmé et M. Verlaine n’ont qu’à se louer de M. P.-N. Roinard. Les autres précurseurs ont la part moins belle. Quant à la « porcine foule » elle est traitée avec le dédain que justifie son aveuglement. Elle persiste à ne pas comprendre les « proses » de M. Mallarmé ; elle goûte modérément les vers de M. Verlaine, et elle s’esbaudit niaisement aux grâces moyenâgeuses de M. J. Moréas.

Hélas ! c’est à cette « foule porcine » que je m’adresse. Et je voudrais, en m’aidant du volume de M. P.-N. Roinard, lui révéler nos grands hommes