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s’exerce du sud au nord vers le pôle magnétique. Les fils de cette force sont partout serrés sans le moindre intervalle ; ils traversent le grès et le verre, tout, sans être déviés. Cette force, nul ne la perçoit ; seul l’aimant de la boussole lui obéit. Aussitôt l’aiguille déviée, les fils de l’attraction ou de la traction la ramènent dans le sens du courant.

Il est dans le monde des esprits une force semblable qui vit et se meut dans la force matérielle invisible, faisant mouvoir l’aimant de la boussole. Cette force est l’Esprit créateur ; nul ne le sent, sauf celui dont le cœur est un aimant, aimanté par sa grâce. L’homme aimant aime tous les hommes ; il n’a point de haine, même pour le méchant. L’idée de Dieu et sa puissance lui sont sensibles. La puissance de cet Esprit se fait sentir surtout dans la parole humaine avec laquelle il s’identifie. C’est cet Esprit qui conserve à chaque mot sa valeur propre et ne permet pas qu’il soit dévié de son sens primitif. Sa puissance s’exerce d’une manière insensible. Ainsi on ne peut pas dire : un rond carré. Cependant, en même temps que je dis : on ne peut dire cela, je le dis ; donc on peut le dire. Mais on ne le peut que pour un temps, en agissant contre l’esprit de la parole. Cet immense esprit possède donc sur chaque mot, en chaque langue, un pouvoir continu.

Ce grand esprit est infiniment bon, car il appelle à soi sans cesse, il maintient tout. Il appelle le méchant aussi bien que le meilleur. Il permet aussi bien au méchant d’attirer vers le piège, qu’au bon d’appeler vers le bien. Il laisse maudire et bénir avec la même impartialité. En lui, se forme le monde des esprits qui lui restent soumis, car les méchants même accomplissent ses desseins.

L’esprit de ce Maître souverain est aussi infiniment juste ; c’est pourquoi le méchant et le vil parlent de justice, de bonté, d’humanité, avec plus