Page:Brisse - Les 366 menus du baron Brisse.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
CALENDRIER NUTRITIF.

OCTOBRE.

Aux poëtes à chanter le printemps, aux gourmands à chanter l’automne. Heureux mois d’octobre ! Son seul tort est d’être le dernier des vacances pour l’estomac.

En octobre tout est encore beau dans la nature, et tout est succulent sur les bonnes tables. Octobre est le plus doux de mes souvenirs ; l’air parfumé de mes forêts bien-aimées revient me fouetter au visage. Quel bon temps, que de liesses, que de gaieté, que de vigueur et quel appétit ! Grâce à Dieu, gaieté, appétit et vigueur me sont restés dans toute leur plénitude. Ô vous certains compagnons de ma jeunesse ! aujourd’hui fantômes sans estomac, à l’œil sans flamme et dont la main tremblante soutient à peine la fourchette et le verre, vous jouissez des honneurs, de la fortune, mais que ne donneriez-vous pas pour pouvoir jouir comme moi du bonheur de la table ? Fortune, tu n’es qu’un nom, s’écria Brutus, mourant de faim après sa défaite.

Productions d'octobre. — Bécasses, bécassines, becfigues, rouges-gorges, sarcelles et outardes. — Au nombre des fruits il faut ajouter nèfles, cormes, amandes, châtaignes et marrons.


NOVEMBRE.

Voilà novembre, froid et brumeux ; la scène gastronomique a changé de lieu : hier c’était à la campagne, aujourd’hui c’est à la ville. Les acteurs sont les mêmes ; mais alors tout à fait aguerris, et bravant les indigestions, ces remords de l’estomac.

Une recrue s’est faite dans l’armée culinaire, recrue sans prétention, mais qui n’en est pas moins excellente