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XII
INTRODUCTION.

Mon cher Brisse,

J’ai reçu ta lettre ; c’est un vétéran de la cuisine qui écrit à un invalide de la fourchette.

J’applaudis grandement à tes idées de réformes culinaires, et je vois déjà avec un singulier plaisir le bataillon nouveau de rédacteurs que tu conduiras régulièrement, vers trois heures du matin, à la Halle. — J’aperçois Méry avec trois châles, bravant les froids aigres d’août ; Jubinal faisant en madras ses provisions pour la Chambre ; Nadaud en ménagère et Monselet en cordon bleu ! Le côté des dames sera, tu le vois, le côté le plus brillant de la rédaction. Tu n’as plus qu’à joindre à tes annonces l’inscription suivante, que, dans ta modestie, tu voulais supprimer :

Oui, je fonde un nouveau journal ;
Arrière les chapons du Maine !
Et la réclame au cri banal !
Car, pour prospectus ; je promène
Mon abdomen phénoménal.

Tout à toi, et que Dieu te garde des indigestions et des romans de Ponson du Terrail.

Ton ami,
Roger de Beauvoir.
Mon cher Directeur,

À défaut de la gastronomie, la gourmandise a été de tous les temps : la gourmandise n’entraîne que la nature, la gastronomie entraîne un art. Pour glorifier l’art et en répandre le goût dans le public, il faut la presse. C’est pourquoi vous avez créé le journal qui porte ce beau nom : la Salle à Manger.