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nutritif, l’esprit littéraire et la science gastronomique formeront une association féconde. Des récits-intéressants, dont la rédaction est confiée à des auteurs aimés du public, précéderont le contentieux culinaire, dicté par les officiers de bouche les plus experts. Ainsi l’histoire sera jointe à l’anecdote, la tradition classique au menu nouveau ; d’une part, la sincérité culinaire et le choix gourmet ; de l’autre, la vie aisée et la vie aimable.

L’exécution d’un pareil programme n’est pas sans difficultés ; mais nous parviendrons à le remplir, grâce à l’habileté de nos collaborateurs.

Des lettres suivantes que nous ont adressées quelques-uns d’entre eux, sont autant de passe-ports avec lesquels on peut se hasarder sans crainte sur la voie périlleuse du journalisme.

Bon L. Brisse.
Mon cher Confrère,

Vous me demandez d’inscrire mon nom sur le frontispice de votre Salle à Manger.

Il faut que vous soyez devenu tout à coup bibliographe, pour savoir que le Bibliophile fut le Gastronome en 1830. J’étais alors un fin connaisseur en fait de cuisine et de table ; j’avais un assez bon estomac et un excellent palais dégustateur ; je fondai, de concert avec mon ami Charles Lemesle, une feuille bi-hebdomadaire, intitulée le Gastronome, journal universel du goût, qui affectait le format oblong d’une carte de restaurateur. Ce journal commença, ce me semble, à paraître le 1er février 1830 ; on s’abonnait alors chez Corcellet, au Gourmand ; chez Gobillard, au Grand Vatel, et chez d’autres marchands de comestibles. Je vous laisse à penser quel fut le succès de cette succulente publication, qui recueillit tardivement l’héritage de l’Almanach des Gourmands, de Grimod de la Reynière. Je comptais, il est vrai, parmi mes collaborateurs, le grand Carême, le plus illustre des cuisiniers anciens et modernes, et le comte de Cussy, le