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Cette comédie eut 12 représentations. Elle a le mérite d’être passablement versifiée. Le sujet en est tiré de Bocace. Il a été traité par plusieurs auteurs dramatiques : Palaprat, avant Mademoiselle Barbier ; Fuzelier, dans le même tems ; la Drevetière, quelques années après, et De Théis en 1773. Son théâtre a été réuni en un volume in-12. Elle fit deux tragédies qui sont restées manuscrites. L’une est Panthée, et l’autre Joseph. Il est assez remarquable que cette dernière tragédie soit la cinquième de ce nom, et qu’il n’y ait eu d’imprimée que celle qui parut sous les auspices de Madame la duchesse du Maine.

Plusieurs personnes ont prétendu que Mademoiselle Barbier n’avait point fait de pièces dramatiques, et qu’elle n’était que le prête-nom de l’abbé Pellegrin. D’autres ont dit avec plus de raison que l’abbé Pellegrin ne fut jamais que son conseil et son censeur. Ceux qui veulent lui ravir la gloire d’avoir composé ses pièces dramatiques, pour la donner à l’abbé Pellegrin, n’ont qu’à se rappeler, pour lui rendre la justice qui lui est due, que Boileau corrigeait les pièces de Racine, et que l’on n’a point dit que Boileau fut l’auteur des Œuvres de l’Euripide Français. Écoutons à cet égard ce qu’en écrivit l’abbé Pellegrin à Mademoiselle Barbier, le 24 mai 1704 :

« Mademoiselle, je ne sais par quel endroit j’ai pu m’attirer une lettre aussi désagréable que celle qu’on vient de me rendre de vostre part : on dirait que vous voulez que je sois complice de la fausseté qu’avance l’auteur[1] du livre intitulé, Pièces fugitives. Je ne

  1. Il avança que l’abbé Pellegrin avait fait les tragédies de Cornélie, d’Arrie et de Pœtus.