Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/54

Cette page n’a pas encore été corrigée

excellait dans la musique vocale et instrumentale ; la philosophie ne lui était point étrangère ; elle entendait fort bien l’espagnol. On mit, au bas de son portrait, l’inscription suivante :

Hoc histricœ Eloquentiæ caput lector admiraris, quod si auditor scies ?

Lecteur, vous admirez cette tête de l’éloquence théâtrale ; que serait-ce, si vous l’entendiez ?

Elle mourut à Lyon d’une fausse couche, en juin 1604. Le corps municipal de cette ville honora la sépulture d’Isabelle par des marques de distinction. Son époux composa et fit placer sur son tombeau une épitaphe latine. Il y célèbre ses talens et ses vertus. Si les dernières poésies de Salmon Macrin avaient été les tendres dépositaires des chagrins que lui causa la perte de sa Gélonis ; Andreini ne cessa qu’avec la vie de regretter et de chanter sa chère Isabelle, « Samort, dit Bayle, mit en pleurs tout le Parnasse : ce ne fut que plaintes funèbres, en latin et en italien. On en imprima beaucoup à la tête de ses poésies, dans l’édition de Milan, 1605. »

On a d’elle plusieurs ouvrages écrits en langue italienne. Sa Mirtilla, pastorale en 5 actes et en vers, aurait suffi pour lui faire un nom dans la république des lettres. Cette pièce est dédiée à Lavinia de la Rovère, marquise de Vast. Elle est précédée d’un prologue entre Vénus et son fils. L’Amour veut se venger de Tircis et d’Ardélie, qui méprisent son pouvoir ; il veut faire brûler Tircis pour la nymphe Mirtille, qui n’a d’amour que pour Uranio. Le désespoir de n’être point aimé lui inspirera le désir de s’ôter la vie ; alors Mirtille deviendra sensible à ses tourmens. Il veut encore que l’insensible Ardélie, après avoir été amoureuse d’elle-même, réponde enfin aux tendres sentimens d’Ura-