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Bélinde ne fait plus à vos vœux de rebelle.
Ah ! si le ciel encor me rendait mes attraits,
Que je verrais bientôt s’éclipser votre gloire !
Je changerais en deuil votre courte victoire,
Et sur vous les regards ne tomberaient jamais…
Où m’entraînent et mon délire
Et l’orgueil d’un bien qui n’est plus ?
Trop faible, hélas ! mon cœur soupire ;
Je répands des pleurs superflus :
Non, plus de beauté, plus d’empire.

« Pourquoi pleurer, » m’a dit le savant Iphiclus ?
« Pourquoi vous désoler ? Vous serez belle encore ;
» J’en jure par le dieu que révère Épidaure… »
Vain serment ! ma beauté n’est plus.

Cesse, cesse ta plainte, & fille infortunée ;
Une belle eut toujours d’un roi la destinée :
Hors du trône, il n’est rien ; sur le trône, il est dieu.
Reine de tous les cœurs, te voilà détrônée ;
Va pleurer ta disgrâce, en quelque sombre lieu
Où nul être vivant n’afflige ta misère :
Mais plutôt soumets-toi, pardonne au sort contraire ;
Et quand tu n’es plus belle, ose en faire l’aveu :
Fuis les regards, et dis, sans dépit, sans colère :
Beauté, parure, monde : adieu.


FIN.