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le mystère du b 14

soudain de germer en lui, que les documents étaient des papiers volés, et que, sans aucun doute, toute cette affaire se résumait en une affaire d’espionnage…

Oui… c’était cela… Burnt était un espion… et Joé Wistler un policier…

À tout prix, il fallait mettre la main sur ce Burnt… Mais comment… Parbleu… Ce Burnt n’était-il pas en rapport avec ce banquier de Paris, ce Cazeneuve… Rosic allait partir pour Paris… Mais avant… oui… avant, il fallait savoir comment ce Burnt s’était procuré des vêtements, une valise, de quelle façon il avait opéré…

En route… Ce n’était pas le moment de se reposer… Rosic prit la valise vide, qui allait lui servir de pièce à conviction, et, silencieusement, afin de ne réveiller personne, quitta sa villa où il était entré, si heureux, si confiant une petite heure auparavant…


xi

où rosic perd complètement la tête



Trois heures après, Rosic se trouvait de nouveau à Valence, amené par une auto dans laquelle, brisé par la fatigue, il s’était endormi et avait fait des rêves épouvantables.

Le jour se levait ; mais les magasins que Rosic avait l’intention de visiter n’étaient pas encore ouvert. Tous les hôtels et cafés avaient encore leur devanture fermée.

Rosic se dirigea vers la gare, où, du moins au buffet, il pourrait trouver une tasse de chocolat.

La première personne qu’il rencontra fut le sous-chef de gare Guillenot, qui lui dit :

— Vous savez, on a trouvé la veste…

— Je sais…

— Tout à l’heure, en allant prendre son travail, un homme d’équipe l’a découverte derrière la gare, près du pont Gas.

— Tout à l’heure ! s’exclama Rosic.

— Il y a une demi-heure à peine… La doublure était déchirée, preuve qu’elle contenait des papiers, cette doublure…

— Et vous dites qu’on a trouvé cette veste il y a une demi-heure ?

— Oui…

Et Rosic se souvint que la veille, vers les onze heures, dans le train, le soi-disant T. D. Shap lui avait dit que la veste, vidée de son contenu, se trouvait derrière la gare… Comment aurait-il pu le savoir, si ce n’avait été lui qui l’avait jetée là…

Allons, le doute n’était pas possible, et ce fameux détective était bien W. R. Burnt…

D’ailleurs, Rosic ne tarda pas à en avoir d’autres preuves.

D’abord, chez un tailleur, à la Porte-Neuve un marchand de confections qui se souvint avoir vendu, la veille au matin, à un monsieur vêtu d’un complet verdâtre et sans chapeau, un costume de voyage, dit Suffolk, en étoffe grisaille.

Et, une demi-heure après, dans un bazar des environs de la gare, un employé reconnut la valise pour celle qu’il avait vendue la veille à un voyageur vêtu d’un Suffolk grisaille.

— Ce client-là a été très long à choisir… Mais il ne regardait pas au prix… Parbleu…, il cherchait une valise absolument semblable à celle qui contenait les papiers…

Et Rosic reconstituait toute l’affaire :

Ce damné Burnt rôdait autour de lui… Il avait su que l’on venait de découvrir à Saint-Rambert sa valise, auprès du cadavre de Joé Wistler… Cette valise, il la lui fallait au plus vite… Il en achetait une pareille… suivait Rosic à Saint-Rambert… ou l’y précédait, n’importe… Il montait dans le train avec lui… dans un autre compartiment… puis faisait son entrée… La valise vide devait être dans le couloir… et la substitution n’avait été faite, ah ! combien habilement ! que pendant le dixième de seconde où Rosic avait le dos tourné, pour descendre…

C’était du beau travail… Rosic ne pouvait s’empêcher d’admirer… Avec un gaillard comme ça, il allait avoir du fil à retordre… Mais il l’aurait… oui… dût-il se crever à cette tâche.

Il n’avait plus rien à faire à Valence… Il n’alla même pas voir M. Chaulvet… À quoi bon… À dix heures il prenait le rapide pour Paris…

Sa première visite, en arrivant, fut pour la Sûreté.

Il avait à cœur de vérifier une des assertions les plus extraordinaires du soi-disant T. D. Shap.

Car, durant le voyage, des doutes lui étaient venus.

Tout ce roman policier que lui avait dé-