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II. — EXPÉRIENCES DE COULOMB.

4. Premier Mémoire (1784)[1]. Mesure de l’adhérence d’un liquide à un solide. — Ce Mémoire célèbre est surtout consacré à l’étude de la torsion des fils fins en vue de la construction de dynamomètres très délicats. La mesure de l’adhérence n’y est traitée qu’à titre d’exemple, pour montrer la petitesse des forces que de pareils dynamomètres peuvent mesurer avec exactitude.

Le Mémoire est partagé en deux sections.

Dans la première, Coulomb démontre que le moment des forces de torsion est proportionnel à l’angle de torsion quand les amplitudes sont très faibles. Il applique cette théorie et les résultats de l’expérience à la construction d’une « Balance pour mesurer le frottement des fluides contre les solides » et annonce ses futures expériences sur les attractions et répulsions électriques ou magnétiques.

Dans la seconde section, Coulomb cherche « par l’expérience comment la force élastique de torsion est modifiée dans les grandes oscillations » et annonce qu’il se servira des résultats obtenus « pour déterminer les lois de la cohérence et de l’élasticité des métaux et de tous les corps solides ».

Comme on voit, l’étude de l’adhérence n’occupe qu’une petite place dans ce Mémoire. Et, si Coulomb choisit cet exemple pour illustrer la théorie de la torsion, c’est que la quantité qu’il se proposait de mesurer est extrêmement petite et que sa mesure précise échappe à toute autre méthode.

Précisons ce que Coulomb entend par l’adhérence du liquide au solide.

Quand un corps se meut dans un fluide, trois causes interviennent pour résister au mouvement :

  1. L’entraînement du fluide par le corps en mouvement, le fluide résiste par l’effet de son inertie,
  2. L’adhérence du liquide au solide mobile, c’est-à-dire le frottement du liquide contre le solide ;
  3. La viscosité ou frottement interne du fluide, ce que Coulomb appelait la cohérence du fluide, c’est-à-dire l’adhérence des particules fluides entre elles.
  1. Mémoires relatifs à la Physique, publiés par la Société française de Physique, t. I, p. 86. — Histoire de l’Académie, 1784, p. 251-255.