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neur qui est attaqué. L’honneur, c’est-à-dire le témoignage que se rend tout citoyen, qu’il remplit ses devoirs, et qu’il a droit à l’estime des autres.

Ce n’est donc point l’effet physique d’un démenti, d’une injure, même d’un soufflet qu’on cherche à laver dans le sang ; on attache le plus souvent peu d’importance à l’assentiment de celui qui nous a démenti ; un coup n’est rien par la douleur qu’il cause, et on se ferait une gloire de la surmonter si elle était la suite d’un accident ; mais on peut difficilement se résoudre à supporter le dédain ou le mépris, car celui qui en donne des marques a toujours moins l’air de témoigner son opinion, que d’être l’organe de l’opinion des autres ; il ne dit pas ce qu’il pense, mais ce qui est ; il ne vous outrage pas parce qu’il vous dédaigne et vous méprise, mais parce que vous êtes dédaignable ou méprisable ; de sorte que les injures, affronts, avanies et outrages ne sont, en quelque sorte, qu’un langage